Ca pique, saphique, c'est chic
Chapitre II “Fever in the morning”
Je sens doucement le soleil filtrer au travers des lames du store vénitien, ce qui me fait me reveiller doucement. Le soleil caresse ensuite le visage étrangement pâle de ma conquête.
Je me lève doucement et je prépare du café. En temps normal, je me serai offensé que mon hôtesse ne préparât pas le petit déjeuner...mais je mets ça sur le compte de l’alcool et de la nuit passionnée que nous avons passée ! Moi même je sens la tête me peser du fait de l’alternance de cocktails et d’eau. Sans doute à cause de l’eau d’ailleurs ! “L’eau c’est dangereux, ca trouble le pastis” disait mon grand père et j’avais repris le proverbe à mon compte durant mes longues années d’études.
Je sortis du lit, non sans avoir laissé un baiser tendre sur l’épaule dénudée et douce de Méganne.
Posant mon pied nu sur le carrelage de la cuisine, je sentis le froid de celui-ci me parcourir jusqu’à la tête comme un courant électrique. Le carrelage froid contrastait avec le souffle chaud du poele à granulés automatique qui chauffait son appartement.
Le glouglou de la cafetière et l’odeur du café chaud réveillèrent Méganne davantage que mon baiser. La belle demoiselle était en nuisette crème qui laissait deviner ses formes : on voyait poindre sous le tissu ses seins tandis que ses cuisses, fuselées et fines, attisaient, même tôt le main, mon désir. Ses cheveux longs et bouclés tombaient en une broussaille autour de son visage
Mais elle était étrangement pâle. Pourtant hier soir elle était rouge et pimpante comme un fruit...certes sous l’effet de l’alcool et de l’excitation. Je trouvais cela étrange. Je lui versais le café et lui tendit la tasse.
- Alors? Encore endormie?
Elle saisit la tasse de café avec un sourire.
- Il y a de la brioche dans le bahut si tu veux.
Sa voix était faiblarde. Encore ensomeillée sans doute….Je fouillais dans l’impressionant bahut style armoire normande qui était accolée au mur. C’était le plus grand meuble et le plus ancien de sa décoration, pour le reste moderne et contemporaine.
Je trouve la susdite brioche et me met à la couper à l’aide d’un couteau à pain qui trainait. Je vois cependant Méganne devenir de plus en plus blanche.
- Chérie? Chérie ça va?
Le mot m’avait échappé : Appeler “Chérie” un coup d’un soir était pas dans mes habitudes, surtout si le coup d’un soir manquait à ses devoirs d’hôtesse. C’est pas que je m’attendais à un service 3 étoiles mais le minimum syndical. Mais je n’avais ni la force ni l’envie de le lui reprocher...du moins pour le moment. Ses boucles brunes en désordres et ses ensorcelants yeux verts désarmaient mes vélléités d’engueulades ! Et puis, j’étais encore peu sûre de mes sentiments….ce qui semblait normal après tout. Merde ! On s’est rencontrées que depuis 24 heures !
- Je suis épuisée….lâche t-elle dans un souffle. Et j’ai la gerbe….
J’ouvre un oeil inquiet : Elle a vraiment pas l’air bien, en effet. Son portable vibre.
- Tu peux me l’apporter?
Je vais chercher l’appareil qui se trouve sur la console de bois et le lui tend. D’un doigt tremblant, elle ouvre son texto.
- Oh merde….
J’écarquille encore plus les yeux.
– Que se passe t-il? Rien de grave j’espère?
Elle me regarde, l’oeil vitreux.
- Un des gamins dont je m’occupe à la crèche à la varicelle….et je l’ai jamais eue !
Je déglutis. Même si j’avais été enfermé dans mes études de droit, j’avais eu l’occasion de me renseigner : La varicelle pouvait être dangereuse pour les adultes !
-Ah mince ! Moi je l’ai eue à 8 ans, comme...bon pas comme tout le monde hein
Je ris nerveusement et elle m’adresse un regard légèrement moqueur derrière ses yeux de plus en plus vitreux. Je vois son visage se couvrir de perles de sueur tandis qu’un frisson la prend. Elle s’efforce de manger un peu de brioche mais je sens que le coeur n’y est pas.
-Eh ben heureusement que c’est le week end ! murmure t elle dans un souffle avec un pâle sourire….J’ai froid. C’est ouvert quelque part?
Cela commençait à m’inquiéter : je me lève et passe la paume de ma main sur son front…..
- Mhh tu es vraiment chaude !
- Tu me disais ça hier soir aussi
Je ris doucement mais je sens qu’effectivement, Méganne est fébrile. Je la prends dans mes bras.
- Tu devrais te recoucher. Allez viens.
Je l’accompagne jusqu’à la chambre et l’aide a se recoucher : Je peux admirer sa taille longiligne, ses jambes magnifiques. La moindre parcelle de sa chair est maintenant couverte d’une sueur froide.
- Ohh je me sens pas bien. J’ai tellement froid !
Sa nuisette devenait trempée de sueur...comme mes dessous mais pas pour la même raison. Elle avait froid mais en moi, la vue de cette pauvre enfant fiévreuse réveillait la douce chaleur de la veille.
- Il y un termomètre dans la salle de bain. Buccal.
Je fais la moue...une prise de température rectale m’aurait donné l’occasion d’admirer à nouveau son magnifique entrejambe, même si je savais à la voir, je n’allais pas goûter a son petit abricot avant quelques heures au moins. Mais je prenais un certain plaisir à prendre soin de ma nouvelle conquête : outre sa voix douce, quelque chose m’avait attiré en elle. Son aura, son énergie, appelez cela comme vous voulez !
Me saisissant du thermomètre, un modèle en plastique transparent avec du gallium à l’intérieur, je l’approche de la bouche de Méganne.
- Ouvre la bouche si’il te plait.
Elle obéit, me laissant aperçevoir ses dents blanches, fines et bien alignées. Je place doucement la pointe argentée du thermomètre sous la langue rouge et un peu épaisse de Méganne, puis je me recule.
Et je fonds : la vision de Méganne, malade, le thermomètre dans la bouche m’émoustillait mais je devais tempérer mon ardeur car je sentais qu’avec la fièvre elle n’était pas d’humeur à s’amuser.
J’attends quelques temps, tenant la main tremblante de Méganne. Après que cinq minutes fussent passées, je retire l’instrument de sa bouche.
- 39 ! Tu veux que j’appelle un médecin?
- Non, ça va je vais me reposer.
Elle soupire.
- Je suis désolée de tomber malade...surtout après hier soir !
Je souris
- Bah on a bien profité hein ! Et puis au moins, je te ferais pas le coup d’acheter des croissants sans jamais revenir.
Elle écarquille les yeux
- C’est vrai?
- Mais oui ! Allez reposes toi ! Je passe chez moi pour chercher des affaires et je vais jouer la garde malade.
Elle fait la moue
- Tu n’es pas obligée….
J’embrasse tendrement son front tout chaud avec un grand rire
- Après avoir passé des mois a bosser, j’adorerai m’occuper de toi, mon coeur. Allez endors toi. Tu as un double de clefs?
- Dans le tiroir de l’entrée.
Un pauvre sourire s’étire sur son visage tandis qu’elle ferme les yeux, visiblement épuisée.
Je sors de chez elle en ayant pris ses clefs, tout sourire aux lèvres. Oui je pense que je vais passer pas mal de temps ici.