15h30

- JE VEUX PAAASS LE SUPPOOOOO !!!!!!!

Voilà la phrase qui vient de me sortir violemment de ma sieste.

Elle a été prononcée par mon minipouce de sœur de 7 ans, enrhumée et en larmes, et maman est en train de lui courir après en criant, un suppositoire sorti de son emballage à la main : "Athéna, tu te dépêches ! Je compte jusqu'à trois !... UN... DEEUUUUUUX....." (Que se passe-t-il à trois ? Introduction forcée de suppositoire dans le séant de ma cadette ?)

Chaco (le nez bouché et la voix glaireuse) : DOOOOON BABAAAAAAN, PAS LE SUPPO !!! J’AIBE PAAS !!

Ce n'est pas pour faire barrière à l'autorité maternelle, mais je la comprends : il n'y a rien de pire que les suppositoires, comme type de médication. On fait des pets gras qui sentent l'eucalyptus pendant des heures, après ça. Et maman a beau léchouiller le bout pointu, ça fait toujours mal aux fesses quand ça remonte.

Maman (qui s'impatiente) : Tu as une rhino-pharyngite, Athéna, je te rappelle. Et ce qui marche le mieux, c'est le suppositoire, je te l'ai déjà dit. Allez, ça suffit maintenant, viens ici !

À la décharge de maman, je dois dire que Chaco est carrément abonnée aux rhinos (pharyngites, pas céros, merci de suivre). C'est simple : ce n'est plus du sang qui coule dans ses veines, c'est du Fervex.

En tout cas, même malade et gluante de la truffe, ma frangine court comme une dératée en toussant et en éternuant, et je crois même qu'elle a escaladé le buffet du salon, si je me fie à la bande-son étouffée de la poursuite que je capte de ma chambre.

Jean-Mi (de la cuisine, en criant) : C'est vrai, tu sais, Athéna, ta mère a raison, la muqueuse anale est la zone du corps qui absorbe le plus rapidement tous les principes actifs du médicament.

#duBonheurDavoirUnBeauPèreMédecin

17h05:

Chaco vient de débarquer dans ma chambre en se tenant les fesses, le pantalon de pyrama un peu ballant, et les joues encore mouillées de larmes.

Moi: Aïe, t'as eu ton suppo ?

Chaco: Snnniiiirfffll, Oui.

Pauvre petit croûton. Elle a escaladé mon lit pour se coucher à côté de moi, et quand elle a atterri sur le matelas un peu lourdement, j'ai pris dans le nez une grosse bouffée de vent à l'eucalyptus.