Je m’assis sur une chaise libre après avoir salué les autres. Il y avait également une armoire à côté de chaque chaise.

Lorsque tout le monde fut arrivé, nous étions douze : six hommes et six femmes. Personne ne me paraissait de sexe indéterminé. Presque tous étaient des camarades de ma classe, seule une jeune fille m’était inconnue. Une infirmière arriva, vêtue d’un tee-shirt et de pantalons blancs. Elle tenait une tablette à la main. Elle nous dit :

— Bonjour, je ne peux plus vous dire « Mesdames, Messieurs », pour respecter la neutralité, alors seulement bonjour. Je m’appelle Ingrid. Pourriez-vous vous présenter rapidement, afin que je contrôle si tout le monde est là ?

Lorsque ce fut mon tour, je dis :

— Mon nom est Raphaël M., je suis Français et j’aurai certainement de la peine à tout comprendre.

— Ne t’en fais pas, me répondit Ingrid, nous traduirons en anglais, je pense que tu connais cette langue.

— Oui, pas de problème, répondis-je en anglais. Tu peux aussi me traduire en japonais ou en arabe.

L’infirmière me regarda bizarrement, mes camarades aussi. Une fois les présentations terminées, elle nous donna des explications :

— Ce centre médical pour les écoles et les universités de la ville est ouvert depuis une année. Vous allez y rester toute la journée. Le but n’est pas seulement de contrôler votre état de santé, mais aussi de faire de la prévention et de vous permettre de vous familiariser avec la médecine et le corps humain. Nous avons prévu de former des couples pour passer les examens, ainsi l’un pourra observer l’autre puis les rôles seront inversés. Si cela dérange quelqu’un, il pourra rester seul. Ceux qui ont des affinités peuvent se mettre ensemble, sinon nous tirerons au sort. Je n’ai pas besoin de préciser que les couples ne doivent pas avoir un homme et une femme, ce serait contraire à la théorie. Voilà, je vous écoute. Je noterai le nom des personnes qui seront ensemble.

Cinq couples se formèrent rapidement, deux homosexuels, trois hétérosexuels. Je pense que mes camarades avaient déjà entendu d’autres raconter comment cela se passait et avaient déjà réfléchi à l’avance avec qui ils seraient. Il ne restait que la jeune fille que je ne connaissais pas. Je m’apprêtais à déclarer que je voulais rester seul, lorsqu’elle me dit en français :

— Viens-tu avec moi Raphaël ?

— Euh, oui, balbutiai-je. Tu sais le français ?

— Je l’apprends, je dois m’exercer à parler. Et je pourrai te traduire ce que tu ne comprends pas.

— Bon, d’accord. Je ne me rappelle plus de ton nom, excuse-moi.

— Kristen, mais tout le monde m’appelle Pippi.

— Pipi ?

— De Pippilotta Viktualia Rullgardina Krusmynta Efraimsdotter Långstrump, l’héroïne des romans.

Cela me revint, Kristen avait les cheveux roux et des taches de rousseur. Elle dit à Ingrid que nous serions les deux ensemble.

— Parfait, répondis celle-ci. Je vais vous demander maintenant de vous déshabiller et de passer un peignoir et des pantoufles. Vous pouvez garder un slip si vous le désirez, mais ce n’est pas obligatoire. Vous mettrez vos affaires dans l’armoire et la fermerez avec le bracelet. Je reviens dans un moment.

Je n’étais pas sûr d’avoir bien compris, je demandais à Kristen :

— On doit se mettre tout nu ?

— Moi, je me mets toute nue, mais tu peux garder ton boxer si tu es timide. Tu pourras l’enlever plus tard pour que je puisse voir ton zizi.

— Ils le contrôlent ?

— Mais oui, tu sais, mon frère est déjà venu l'année dernière, il m’a tout raconté. Ils vont regarder si tu décalottes et si tu bandes bien.

Kristen parlait décidément bien le français, je me demandai si elle n’avait pas séjourné en France. J’eus également un frisson, comment allaient-ils s’y prendre pour me faire bander ? Où n’était-ce qu’une plaisanterie de ma compagne d’infortune ?