Vues: 271 Created: 2016.11.19 Mis à jour: 2016.11.19

Eudes et Johann

Chapitre 29

Je laissai mes camarades aller au bord de l’Aar et je passai au château. Je montai directement au bureau de mon père. Après les salutations, il me demanda :

— Te plais-tu au pensionnat ?

— Oui, beaucoup. Je voulais justement t’en parler : Johann et moi aimerions rester plus longtemps. Serais-tu d’accord ?

— J’en étais sûr, je ne voulais cependant pas vous le dire avant, vous auriez pu le voir comme une punition si vous n’aviez pas été heureux. J’ai déjà demandé au directeur, vous pourrez rester aussi longtemps que vous le désirerez. Je trouverai bien une infirmière pour soigner ma mère à la place de Johann. Et, depuis que tu as vu ton précepteur nu et entravé, il n’a plus beaucoup d’autorité sur toi. Il a bien assez de travail avec tes soeurs qui sont dissipées et fort peu studieuses.

— Merci, papa. J’aurais une autre question : pourrais-je inviter trois de mes camarades dimanche prochain pour le dîner ? Il y a un petit souci : deux ne désirent pas qu’on sache qu’ils séjournent ici, ils viennent de familles royales, maman pourrait les reconnaître et tu sais qu’elle est assez bavarde.

— Oui, je vais lui dire de se taire. Réfléchissons… Je lui dirai que l’un d’entre eux a reçu des menaces, que des révolutionnaires pourraient placer une bombe dans le pensionnat et que tu pourrais être blessé.

— Bonne idée. Une troisième question : pourrais-je leur faire visiter la cave ?

— Ecoute, mon fils Eudes. J’ai de nouveau eu des palpitations hier, je suis peut-être plus malade que je ne le pensais. Tu dois apprendre à prendre des décisions sans toujours me demander. Je te laisse faire comme tu voudras. Le local maçonnique n’est un Temple que pendant les cérémonies. Entretemps, il est autorisé de le faire visiter par des non-initiés.

— Oh, je suis désolé, papa, je suis sûr que tu vivras encore très longtemps.

— Que Dieu t’entende, mon fils.

J’embrassai mon père et je sortis. Ma mère m’attendait dehors.

— Alors, mon fils Eudes. Vous revenez à la maison et vous n’embrassez pas votre mère ?

— J’allais le faire, Madame ma mère.

Elle me prit dans ses bras et m’embrassa.

— Vous allez bien ? me demanda-t-elle.

— Oui, je viens de parler à Monsieur mon père. Je vais rester plus longtemps que prévu au pensionnat.

— Il m’avait prévenue. Cela vous fera du bien, je crois que la discipline y est très sévère.

— C’est exact, Madame ma mère.

— J’ai vu que vous êtes venu avec des camarades. Je pense que vous souperez au bord de l’eau ?

— Oui, Madame.

— Pourriez-vous inviter également vos soeurs ? Elle iront de toute façon vous déranger. Elle doivent apprendre à faire la conversation à des jeunes hommes et cesser d’être des gamines.

Cela ne me plaisait pas du tout. J’eus une idée et je mis des conditions :

— Oui, Madame ma mère, mais je pense qu’il serait souhaitable qu’elles nous quittent après le repas. Mes camarades pourraient boire un peu trop et avoir des conversations grivoises que mes soeurs ne sont pas encore prêtes à entendre.

— Vous avez raison, Eudes, je viendrai les chercher à huit heures. Vous pourrez ensuite discuter entre hommes.

Je pensai qu’il n’y aurait pas que des discussions, un peu plus si entente.

— J’ai eu une idée, Madame ma mère. Mathilde pourrait prendre son cahier de croquis. J’aimerais avoir un portrait de mes camarades en souvenir d’eux.

— Bonne idée, Eudes. Je vais aller leur dire de se préparer.

Ma soeur Mathilde dessinait et peignait merveilleusement bien et les selfies n’existaient pas à l’époque. (NDA: Qu’est-ce que je raconte ? Je recommence.)

Ma soeur Mathilde dessinait et peignait merveilleusement bien. J’allais faire encadrer les tableaux et les pendre dans ma chambre à la place de vieilles croûtes poussiéreuses.

Je pris congé de ma mère, j’allai trouver le sommelier afin de lui commander un repas pour sept heures ; je passai dans ma chambre, pris des draps pour nous sécher après le bain et cinq robes de chambre pour nous couvrir ensuite. Je n’avais plus de valet et je devais faire ce travail moi-même.

Nous avions une petite plage réservée à notre famille en face du château. Il y avait une longue table en bois et des bancs sous un toit, ainsi qu’un foyer, entouré d’un muret de pierre. J’y rejoignis mes camarades et leur dit :

— J’ai rencontré ma mère et elle veut m’envoyer mes soeurs pour souper avec nous. Je n’ai pas pu refuser, j’ai obtenu qu’elles partent après le repas. Je compte sur vous pour leur apprendre les bonnes manières.

— Mon très cher Eudes, me demanda Philippe, Mesdemoiselles vos soeurs ont-elle déjà pu voir un organe masculin servant à la procréation ? Car nous pensions nous baigner sans nous couvrir.

— Oui, mon très cher Philippe, elles ont déjà vu un tel organe, même deux, à l’état flaccide. Nous pouvons donc aller nous baigner sans crainte de les choquer.

Mes soeurs arrivèrent alors que nous étions dans la rivière. Nous sortîmes sans nous cacher, elles avaient les yeux rivés sur nos entrejambes. Je fis les présentations :

— Mademoiselle Mathilde. Mademoiselle Rosalie. Monsieur Parsifal. Monsieur Philippe. Monsieur Olav. Monsieur Johann.

Le Prince nu leur fit un baisemain. Je dis ensuite :

— J’ai demandé à Mademoiselle Mathilde de faire des portraits pour avoir un souvenir de votre passage chez moi. Johann, pourrais-tu commencer ? Prends la pose au bord de la rivière.

— Monsieur mon frère, me demanda Mathilde, dois-je dessiner seulement la tête ou tout le corps ?

— Tout le corps, soeurette, le nu est habituel en peinture. Et tu peux aussi faire un deuxième croquis plus détaillé d’une certaine partie du corps.

— De laquelle ?

— Tu le sais bien, je ne vais pas te faire un dessin.

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clyso Il ya 7 ans  
arthur Il ya 7 ans