Vues: 296 Created: 2016.11.26 Mis à jour: 2016.11.26

Eudes et Johann

Chapitre 35

Nous quittâmes l’abbaye à deux heures de l’après-midi, le prêtre avait indiqué l’adresse de l’artisan au cocher qui s’était renseigné auprès du frère hôtelier pour connaître l’itinéraire à suivre. Son atelier était situé au centre, dans la partie supérieure de la ville, à la rue de Lausanne. Je renvoyai le cocher en lui demandant de venir nous reprendre à cinq heures au même endroit.

Nous sonnâmes et l’artisan vint nous ouvrir. Il avait la quarantaine environ, un tablier de cuir sur ses habits. Il nous salua :

— Bonjour Messieurs, je m’appelle Hans Sachs. Que puis-je faire pour vous ?

— Bonjour M. Sachs, lui-dis je. Je viens regarder si je trouve un bijou à offrir à mon ami pour son anniversaire, et ces messieurs ont une autre demande.

L’artisan nous présenta divers bijoux : des bagues, des pendentifs, des bracelets, des boucles d’oreille. Johann ne se décidait pas, il me dit :

— J’aimerais quelque chose qui nous unisse, que tu aies le même bijou que moi, je crains cependant de l’exposer à la vue de tous. Ce n’est pas toujours bien vu d’être inverti.

— Réfléchis encore, M. Sachs va s’occuper de David et Jonathan en attendant.

L’artisan se tourna vers les pèlerins et leur demanda :

— Que désirez-vous, Messieurs ?

— C’est délicat, dit David. Je vous demande la plus grande discrétion.

— J’ai l’habitude, je reçois très souvent des religieux.

— C’est justement un de mes collègues du séminaire qui m’a donné votre adresse. Nous aimerions un bijou qui modère nos ardeurs, si vous comprenez ce que je veux dire.

— Oui, bien sûr, passons à côté.

M. Sachs ferma la porte d’entrée à clef et nous passâmes dans l’arrière-boutique qui servait aussi d’atelier. Un jeune homme boutonneux aux cheveux noirs y travaillait.

— Voici mon apprenti, Roberto.

L’artisan prit une boîte dans une armoire et l’ouvrit. Elle contenait les fameux cadenas. Ils étaient plus gros que je ne l’avais imaginé.

— Voici, Messieurs, je pense qu’il s’agit de ce que vous désirez.

— Ils sont fort grossiers, fit remarquer Johann.

— Je sais, répondit l’artisan. Ce n’est pas moi qui les fabrique, je ne connais pas les techniques. Mais ce ne sont pas des bijoux. Et mes clients n’ont pas de gros moyens pour les acheter.

— Et l’anneau est épais, continua Johann. Le trou à faire dans le pénis doit être énorme.

— Il faut faire un petit trou et l’élargir progressivement.

— La blessure doit s’infecter facilement, en tant que futur médecin je déconseillerais cette pratique, surtout avant un long voyage.

Nos deux compagnons avaient l’air un peu déstabilisés par les arguments de Johann. Celui-ci continua :

— Dans le pire des cas vous pourriez mourir, je sais que vous êtes impatients de rencontrer votre Seigneur, mais rien ne presse.

— Je crois que vous avez raison, dit le prêtre, nous allons au moins attendre jusqu’à demain, une nuit de prières nous aidera à y voir plus clair.

— Très bonne idée, dis-je.

— Je suis désolé Messieurs, dit l’artisan, je n’ai rien de mieux à vous proposer. Mais on peut aussi percer cet organe pour y mettre des bijoux beaucoup plus fins et élégants. Je vais vous monter.

L’artisan sortit une deuxième boîte, elle contenait des bijoux en or et en argent, de toutes formes et de toutes tailles. Johann eut l’air intéressé et demanda :

— Est-ce que cela ne gêne pas pour les relations sexuelles ?

— On peut les enlever pendant ce temps, ou alors mettre simplement un petit anneau sous le gland. Je n’aime pas non plus les gros bijoux, mais certains hommes en demandent. Roberto, viens vers nous.

— Oui, maître.

— Pourrais-tu montrer ton anneau à ces messieurs ?

Roberto se débraguetta sans complexes et sortit son pénis. Il le décalotta et nous montra le petit anneau dans le frein.

— Ma petite amie trouve cela très joli, dit-il.

— Tu as une petite amie Roberto ? demanda M. Sachs. Tu ne m’avais jamais dit. Monsieur le prêtre ne va pas aimer que tu lui montres ton zizi avant d’être marié.

Roberto eut l’air confus.

— Je… Nous avons juste été nous baigner dans la rivière, Maître. J’ai fait glisser la peau pour me laver.

— On dit ça, ne t’en fais pas, j’étais comme toi à ton âge. Essaie juste de ne pas l’engrosser.

— Bien, Maître.

L’apprenti rangea son pénis dans ses pantalons.

— Alors, Messieurs ? demanda l’artisan. Cela vous plaît-il ? On peut faire le trou et mettre un bijou provisoire pour essayer. Vous pourrez revenir plus tard acheter un anneau en métal noble, argent ou or.

— C’est vous qui pratiquez l’opération ? demanda Johann.

— Oui, ce n’est pas plus compliqué que pour une boucle d’oreille, et j’ai demandé conseil à un médecin, je prends toutes les précautions voulues pour désinfecter les aiguilles. Je n’ai jamais eu de réclamations. Il faut simplement faire attention jusqu’à ce que la cicatrisation soit complète, badigeonner chaque jour avec un liquide que je vous donnerai. Et si vous achetez un bijou, je vous perce gratuitement. Et je fais une action d’automne en ce moment, 10% de rabais pour les couples.

J’étais tenté, je me demandais quand même s’il ne fallait pas aussi attendre jusqu’au lendemain. Johann était plus impatient :

— Tu es d’accord, Eudes ? Nous ne risquons rien. Nous pouvons encore changer d’idée plus tard et ne pas mettre d’anneau.

— Oui, c’est ton anniversaire, j’accepte.

— Parfait, Messieurs, nous dit l’artisan. Seriez-vous d’accord si c’est Roberto qui vous perce ? Il a la main très sûre.

— Je pense que nous allons partir visiter la cathédrale, nous dit David.

— Non, restez, dit Johann. Cele ne me dérange pas. Vous devez considérez le corps humain comme la nature, comme Dieu l’a fait et pas comme quelque chose de honteux à cacher. Cela vous aidera à vous réconcilier avec lui.

Nous montâmes tous au premier étage. L’artisan avait une pièce spécialement équipée. Il nous précisa encore :

— Ne vous en faites pas si le membre durcit, cela arrive souvent et ne nous dérange pas du tout, c’est même plus facile. Roberto, va chercher de l’eau et mets-là sur le poêle. Qui commence ?

— Moi, dit Johann, c’est moi qui l’ai demandé et Eudes pourra encore renoncer si cela le dérange.

— Je vous demanderais d’enlever vos chaussures et pantalons et de vous coucher sur le lit. Vous pouvez laisser votre sous-vêtement jusqu’à ce que l’eau soit chaude.

Johann se déshabilla, laissa son caleçon et se coucha. Jonathan s’exclama :

— Mais je reconnais ce tissu, il est produit dans la filature de mon père. Est-ce vous qui êtes le neveu de la cheffe d’atelier et qui allez nous proposer des dessins de caleçons ?

— C’est bien moi, répondit mon ami.

— Quelle coïncidence incroyable que je vous rencontre aujourd’hui dans de telles circonstances, cela n’arrive que dans les romans. C’est moi qui serai responsable de cette nouvelle ligne de production à mon retour de Saint-Jacques. Permettez-vous d’examiner votre habit ?

— Bien sûr.

Jonathan toucha le vêtement, le tira vers le haut pour le défroisser. Il écarta les testicules pour regarder entre les jambes.

— Très bien fait, dit-il, votre mère est une bonne couturière, on dirait même qu’il a été fait sur mesure.

— C’est exact. Vous pouvez l’enlever pour mieux l’examiner.

Jonathan eut l’air soudain plus gêné. Il finit par baisser le caleçon et découvrir le pénis de mon ami qui reposait sagement sur ses couilles. Il était même un peu rétracté. L’apprenti mit l’eau dans une cuvette en émail, il prit une lavette, la trempa et l’enduisit de savon. Il lava le sexe de Johann après avoir décalotté le gland. Le contact de l’eau tiède le fit gonfler un peu. David et Jonathan ne perdaient pas une miette du spectacle.

Roberto sécha les attributs de Johann, puis déposa par-dessus une pièce de tissu percée d’un trou dans lequel il glissa le pénis. Il le badigeonna d’un liquide brun. L’artisan tendit une aiguille passée auparavant sur la flamme d’une bougie.

— Serrez les dents, dit-il.

L’apprenti souleva le frein et son maître lui indiqua l’endroit où percer. Il piqua un seul coup et ce fut terminée. Il glissa ensuite le bijou provisoire dans le trou.

— Cela s’est-il bien passé ? demanda Hans à Johann.

— Très bien.

— Je n’ai pas osé vous dire, c’était la première fois pour Roberto. J’avais confiance en lui.

Quelques gouttes de sang avaient coulé. L’apprenti les essuya puis entoura le pénis de mon ami d’une bande de tissu qu’il noua.

— Parfait, me dit Hans, à votre tour Monsieur.

J’étais un peu inquiet, mais je ne voulais pas me défiler. Je subis la même opération et tout se passa bien. Nous quittâmes la boutique de l’artisan. Nous avions voulu empêcher les pèlerins de se faire trouer le pénis et c’est nous qui l’avons fait. Nous ne l’avons jamais regretté et ces petits bijoux, que nous portons toujours après tant d’années, ont été la marque discrète de notre amour tout au long de notre vie.