Vues: 282 Created: 2016.12.15 Mis à jour: 2016.12.15

Eudes et Johann

Chapitre 49

Nous restâmes silencieux, perdus dans nos pensées. Georg revint avec la prostituée, cela n’avait pas duré longtemps. Il avait toujours l’air accablé, pas l’exubérance d’un jeune homme qui vient de perdre son pucelage. Fernande nous demanda :

— À qui le tour ? Au petit rouquin, je pense.

Je me levai et la suivis. Nous entrâmes dans une chambre qui n’avait pas de fenêtre et qui était éclairée par quelques bougies. Des tentures rouges recouvraient les murs. La femme me questionna :

— Comment t’appelles-tu ?

— Eudes, Madame.

— Allons Eudes, pas de complications entre nous, tu peux me tutoyer et m’appeler par mon prénom.

— D’accord, Fernande.

— Je ne t’ai jamais vu, tu es nouveau ici ?

— Je suis en visite chez Georg.

— C’est rare les étrangers. Tu as déjà fait l’amour ?

— Euh, non, je suis puceau.

— C’est le jour, décidément. J’espère que ça ira mieux qu’avec Georg. Il n’a pas pu bander.

Elle était bien indiscrète cette Fernande, raconter ce qui se passait avec ses clients. Toute la cité serait bientôt au courant.

— Ce n’est pas très bien de le dire à tout le monde, lui fis-je remarquer.

— Je ne le dis qu’à toi, il faudra lui remonter le moral. On va faire un brin de toilette.

— J’ai pris un préservatif.

— Un préservatif ? Les gens d’ici n’en ont pas, c’est trop cher. Enfin, comme tu voudras. Mais je vais quand même te laver, déshabille-toi.

J’enlevai rapidement mes habits. Fernande me mena vers un meuble sur lequel était posé une cuvette, elle me fit avancer jusqu’à ce que mon sexe fût au-dessus. Elle prit de l’eau dans un broc et en fit couler sur mon pénis, elle le décalotta et le savonna. Il se recroquevilla. Elle le sécha. Je sortis le préservatif de ma poche.

Fernande se coucha sur le lit, les jambes écartées, en me disant :

— Viens mon petit Eudes, je suis très excitée.

Je ne l’étais pas du tout, je restai debout, les bras ballants.

— Je ne t’excite pas ? me demanda la prostituée.

Je n’osai pas répondre. Elle se releva et me dit :

— On va essayer autre chose, couche-toi sur le lit.

Je lui obéis. Elle se mit à genoux entre mes jambes et me masturba. J’eus un début d’érection.

— C’est mieux, tu vois.

Elle continua, mon sexe avait presque atteint sa taille habituelle.

— On va y aller, c’est bon, me dit Fernande.

— Attends, il faut mettre le préservatif.

Elle le prit et l’enfila sur mon pénis. L’érection retomba immédiatement. Je renonçai.

— Je ne suis pas en forme ce soir, dis-je, ce sera pour une autre fois.

— Tu es sûr, tu ne veux pas ressayer ?

— Non, ça ne sert à rien d’insister.

Je me levai. Fernande me demanda pendant que je me rhabillais :

— Tu ne serais pas un inverti, toi ?

— Oui, tu as deviné. Mais ne le dis pas à tout le monde.

— Je serai discrète. On ne les aime pas beaucoup par ici. Pourquoi es-tu quand même venu ?

— Je dois me marier, assurer la descendance de ma famille. Je voulais faire un essai avec une femme.

— C’est plutôt mal barré. Es-tu noble ?

— Encore deviné. Ce n’est pourtant pas écrit sur mon front.

— Il n’y a que les nobles pour utiliser une protection et les autres se fichent de la descendance de leur famille. Pour toi je ne me fais pas de souci, je suis sûre que tu voyages avec ton amant et que tu le baiseras tout à l’heure.

— Oui, c’est exact. Nous couchons chez Georg, je ne sais pas si nous pourrons baiser ce soir. Je ne pense pas que les deux autres veuillent passer vers toi.

— Les deux autres ? Un ne te suffit pas ?

— Ils ne sont pas les deux à moi.

— Prends soin de toi et de Georg, bonne continuation.

Elle me fit la bise et je sortis de la chambre. Je rejoignis mes camarades et leur dit :

— Ne restons pas ici, cet endroit me déplaît. Allons nous promener, il fait encore chaud. À moins qu’Olav ne désire aller avec Fernande ?

— Non merci, répondit le Norvégien.

Nous sortîmes du lupanar. J’étais ennuyé : je devais absolument parler à Georg, ne pas le laisser seul ruminer ses soucis, je ne voulais cependant pas révéler que Fernande m’avait fait des confidences. Heureusement, Johann vint à mon secours en me demandant :

— Est-ce que cela s’est bien passé avec la prostituée ?

— Non, pas vraiment, je n’ai pas bandé. Ce n’est pas grave.

Georg me regarda l’air étonné. Johann continua :

— J’en étais sûr, c’est pour cela que je t’ai laissé y aller.

— Comment ? s’exclama Georg. Pourquoi est-ce à toi de décider si Eudes peut aller avec une prostituée ? Il est un vicomte et toi un paysan.

— J’en ai trop dit, cousin. Je ne vais pas te le cacher plus longtemps, je l’aime.

— Toi, aimer un homme ?

— Eh oui, c’est ainsi, la vie réserve des surprises.

— Mais je croyais que ce genre d’hommes étaient déguisés en femmes et chantaient dans des cabarets mal famés ?

— Il y en a, la majorité sont cependant des hommes comme toi et moi. Ce n’est pas exceptionnel.

Georg resta silencieux pendant quelques minutes, puis il me demanda :

— Est-ce pour cela que tu n’as pas bandé avec la femme ?

— Bien sûr, elle ne m’attirait pas du tout, elle m’a dit que je l’excitais alors que ce n’était pas vrai. Et toi, ça a bien été ?

— Euh, non, comme toi. Je ne sais pas pourquoi. D’habitude je bande sans problème. J’arrive même à… enfin tu vois bien ce que je veux dire. Tu crois que c’est parce que je suis comme toi ? Que je pourrais préférer les hommes aux femmes ?

— Je n’en sais rien, je ne peux pas répondre à cette question à ta place. Tu auras bien l’occasion de refaire d’autres expériences.

J’aurais voulu lui proposer d’avoir une expérience avec nous, mais je me retins. J’avais peur de le choquer. Nous marchâmes encore pendant une heure puis rentrâmes chez lui et discutâmes un moment avec sa mère. Nous étions fatigués et décidâmes d’aller dormir. Une fois dans la chambre, je demandai :

— Il fait très chaud cette nuit, même avec la fenêtre ouverte. Pouvons-nous dormir nus ou est-ce que cela te dérange, Georg ?

— Faites comme vous voulez, je vous ai déjà vus à poil au bain ; moi, je mets ma chemise de nuit.

Nous nous déshabillâmes et nous couchâmes, Georg et Olav sur les lits, Johann et moi sur les paillasses par terre. J’eus de la peine à m’endormir, la chaleur dans la chambre, et surtout je me remémorai l’expérience avec la prostituée, cet échec m’avait plus affecté que je ne l’avais dit à mes camarades.

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clyso Il ya 7 ans