Skylane
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Vues: 974 Created: 2007.12.05 Mis à jour: 2018.12.07

Elodie

Elodie Ch. 6

Edouard se prépare à sortir. Il vit seul dans un studio pas très loin de la fac. Il préfère prendre sa voiture pour rejoindre les autres au bar. L’inconvénient lorsque l’on doit rentrer en conduisant, c’est qu’il faut y aller doucement avec l’alcool. Mais le bus qu’il aurait du prendre ne circule plus après 21 h… Et ne pas trop boire lui permettra d’être plus en forme pour travailler le lendemain. Edouard se classe sans aucun doute dans la catégorie des élèves sérieux.

Après avoir enfilé une chemise plutôt élégante il observe son reflet dans la glace de la salle de bain. Une touche de gel donne un peu plus de volume à ses cheveux. Pour lui, l’objectif de la sortie n’est pas spécialement de draguer. Passer du temps avec les potes à boire des bières, quoi de meilleur ? En plus il est relativement timide avec les filles. Mais il n’a plus de copine attitrée depuis un moment déjà. Alors, même s’il ne connaît pas encore bien Julie et Elodie il n’est pas indifférent à leurs charmes. Julie, la petite brune au sourire malicieux, a des formes plutôt attirantes. Le succès de Julie auprès des hommes doit aussi beaucoup à son caractère extraverti et jovial. Au contraire, Elodie apparaît à Edouard comme plus réservée et moins pétillante, un peu étrange parfois. Pourtant cette jolie blonde lui plaît de plus en plus. Elle est plus grande que Julie, un peu moins ronde. Elle semble plus douce. Le moment très agréable qu’il a passé avec elle aujourd’hui lui donne envie de la voir plus souvent. A la cafétéria, pendant qu’elle lui parlait, Edouard était perdu dans ses magnifiques yeux bleus. Le jeune homme s’écarte de son miroir, attrape les clefs de sa voiture et sort de chez lui. "Comment ne l’ai-je pas remarquée plus tôt ? Cette fille a un regard absolument troublant. Je vais essayer de mieux la connaître".

Chez Julie, au moment du dîner, l’ambiance est légère et détendue. Sa mère et elle n’arrêtent pas de plaisanter à propos du petit béguin d’Elodie pour Edouard. En réalité c’est la première fois qu’Elodie s’intéresse vraiment à un garçon depuis l’accident de son père. Après avoir mangé elles se préparent à sortir.

- On ne peut pas te faire confiance Julie ! Tu ne devais le dire à personne. Maintenant tout le monde va le savoir. Si ta mère le sait, ma mère aussi va le savoir. Elle va me poser plein de questions indiscrètes. En plus je ne suis même pas amoureuse de lui… - Mais bien sûr Elodie. Je te crois. Maintenant termine de te préparer. On va arriver à la bourre sinon. Tu ne voudrais pas faire attendre Edouard ?

En la regardant s’habiller Julie a soudain l’air préoccupé. - Au fait Elodie, on fait comment pour cette nuit ? Tu dors dans le lit ? Ou … euh… tu préfères qu’on sorte un matelas ? Dans ce cas il faudrait mieux qu’on prépare les draps et la couette avant de partir. - Pour dormir j’ai pris ce dont je t’ai parlé. Tu sais… Alors j’hésite. T’es sûr que ça ne te gêne pas que je dorme dans le lit. Je risque de ne pas être très fraîche au réveil. ça sera probablement moins désagréable pour toi si je dors à côté, sur le matelas. - Qu’est-ce que tu racontes ? C’est pour toi que cette histoire est pénible. Pas pour moi. Et je préfère que tu sois à côté de moi sous la couette. C’est bête mais je dors mieux quand il y a quelqu’un avec moi dans le lit. Surtout quand c’est toi. Alors depuis le temps que tu n’es pas venue… la question est réglée, tu dors dans le lit ! On va dormir ensemble comme au bon vieux temps. - Bon si tu ne trouves pas ça trop dégoûtant, alors d’accord. - Mais non ! Essaye de dédramatiser un peu. Rappelle toi que ce n’est pas de ta faute. En plus avec ce que tu portes pour dormir… T’auras juste à l’enlever le matin. Ni vu ni connu. Même si t’as eu un petit problème, on pourra directement aller prendre le petit déjeuner sans que personne ne soit au courant de rien. En plus à l’heure à laquelle on va se lever il n’y aura plus personne à la maison.

- Facile à dire Julie.

- Oui c’est sûr. Mais je peux faire autre chose pour t’aider.

- Je ne vois pas. Quoi ?

- Je vais parler sérieusement à ta stupide vessie ! A partir de maintenant elle a intérêt à être sage et à ne plus faire des siennes. Sinon elle aura à faire à moi ! - Là tu te moques de moi. C’est pas drôle.

- Non. Ça a marché avec Mathilde. J’ai eu une petite conversation avec sa vessie et depuis trois semaines on ne lui met plus de pull-up pour dormir. Elle est quasiment propre la nuit maintenant.

- Merci d’essayer de détendre l’atmosphère mais je n’arrive vraiment pas à rigoler à propos de ça. Je n’ai pas l’âge de Mathilde. On y va maintenant ? Je suis prête. - Arrête de te torturer pour rien et profite de notre petite soirée.

Après un court trajet en RER, elles arrivent les dernières au rendez-vous dans le bar. Les trois autres amis sont déjà là. Elles s’installent à l’extrémité d’une table toute en longueur. La salle, plutôt petite, n’est pas trop bondée. La décoration donne un aspect chaleureux à l’établissement. Un billard trône au fond de la salle, à l’écart de l’endroit où s’installent les clients. Elodie s’assied au bout sur la confortable banquette installée contre le mur. Elle constate avec plaisir qu’Edouard se trouve lui aussi en bout de table, en face d’elle.

Le patron du bar arrive rapidement pour prendre les commandes du groupe. Sans surprise des pintes de bières font leur apparition quelques minutes plus tard. A part Edouard qui conduit pour rentrer, les autres ne se limiteront pas à cette première tournée. Au début, les conversations tournent autour de la fac, des potins sur les professeurs, des examens. Puis, l’alcool aidant, les langues se délient assez vite. Les sujets changent, le volume sonore s’élève. En y regardant de plus près on s’aperçoit qu’en réalité, deux personnes ne participent absolument pas à la discussion du groupe. Edouard et Elodie ont engagé leur propre tête-à-tête. Au bout d’un moment, sans même proposer aux autres de les suivre, ils se dirigent vers le billard. - Elodie on joue mais celui qui gagne doit donner un gage au perdant. D’accord ?

- Ok. Attention tu ne sais pas contre qui tu joues. Je suis une véritable championne. Tu n’as aucune chance.

- C’est ce qu’on va voir madame la championne du billard !

Vingt minutes plus tard, Edouard met la dernière boule et gagne la première partie. Elodie ne s’avoue pas vaincue. Avant d’accepter un gage elle exige une revanche. À cet instant Julie et les autres arrivent avec le ravitaillement en bière. Cette fois, avec les conseils et l’assistance technique de Julie, la revanche se déroule beaucoup mieux pour Elodie. Elle remporte cette manche. Des nouvelles bières surgissent et la belle s’engage. Le combat devient inégal. Edouard n’a bu que la première tournée de bière. Contrairement à Elodie dont la concentration commence à se relâcher. Ses coups deviennent imprécis alors, elle doit vite se rendre à l’évidence, la partie est perdue.

Edouard réfléchit au gage qu’il va donner à Elodie. Lui demander de l’embrasser lui traverse l’esprit.

Non, ça serait trop gamin. Nous ne sommes plus au collège ! Dommage parce que j’en ai trop envie. Bon je vais lui demander de m’inviter au cinéma. En plus elle verra bien que je cherche juste un bon prétexte pour passer un après-midi avec elle.

- Je me suis décidé pour ton gage. T’es prête à souffrir ?

- Vas-y mollo, on n’a pas fixé de limites au début. T’as pas intérêt à me demander un truc trop extrême. - Du calme miss, tu dois juste m’inviter au cinéma. T’as pas le choix. Par contre je suis grand seigneur, je te laisse choisir le film et la date. Mais n’attends pas trop longtemps. Ok ?

- Bon d’accord. On a vu pire comme gage. Heureusement pour toi que tu as gagné. Je n’aurais pas été aussi gentille avec toi.

Une tournée de bière plus tard Edouard constate qu’il est temps de rentrer. Les autres membres du groupe ont visiblement assez bu pour ce soir. Il propose à Julie et Elodie de les raccompagner en voiture. Les deux autres habitent juste à côté du bar et rentrent à pieds. Dans la voiture Julie questionne ses deux amis. L’heure tardive et l’alcool ont eu raison de son tact pas si légendaire que ça.

- Alors Edouard comment tu trouves Elodie ? Elle est canon ? - Julie stop ! T’es folle de poser des questions comme ça. Ça ne te regarde pas et je ne sais pas si t’as remarqué mais je suis aussi dans la voiture. - Oh ça va, vous avez passé toute la soirée ensemble à vous regarder avec des yeux de merlans frits. J’ai bien compris qu’il se passe quelque chose entre vous. Pas la peine de faire des manières. -Nous sommes arrivés les filles. C’est bien ta maison Julie ? Je m’arrête ici ?

- Oui c’est ici. Tu peux te garer. Merci. Tous les trois descendent de la voiture pour se dire au revoir. Julie et Edouard sortent du même côté gauche de la voiture pendant qu’Elodie qui était assise à l’avant sort du côté droit. Edouard en profite pour glisser discrètement un mot à l’oreille de Julie.

- J’ai fait semblant de ne pas entendre ta question dans la voiture, mais oui, je trouve qu’Elodie est super. - Alors je t’autorise à la revoir. Mais t’as intérêt à être gentil avec elle. Sinon ma vengeance sera féroce. - Compris Madame je ne ferai pas de mal à votre protégée ! Après avoir adressé un sourire à Julie, qui a gardé son air protecteur, il se dirige vers Elodie. Debout devant elle, il hésite à l’embrasser. A sa grande surprise c’est finalement Elodie qui, rendue euphorique par l’alcool, se jette à son cou. Ce simple contact physique fait naître le désir chez eux. Ils s’embrassent timidement puis s’étreignent un moment. Ils se séparent à regret.

Les filles referment la porte de la maison avant de rejoindre la chambre en titubant légèrement. Affalée sur le lit, lascive, Elodie est submergée par l’émotion. Depuis l’accident de son père elle n’a pas eu un seul petit copain. Elle n’en avait même pas réellement envie. Et les rares fois où elle en a eu envie elle a été trop timide pour aborder le garçon en question. Mais pas cette fois. Heureusement parce qu’un an sans copain ça commence à faire long. Maintenant elle sait qu’elle plaît à Edouard. Elle est toute excitée à l’idée de passer du temps seule avec lui. Bonne idée ce cinéma… - Félicitations ma grande ! J’ai l’impression que tu as réussi à séduire l’un des plus beaux mecs de la fac. - Non pas l’un des plus beaux, c’est le plus beau et je me demande bien quel film je vais l’emmener voir.

- Tu t’en fous, de toute façon vous n’allez pas regarder le film.

- Très drôle. - Bon on se prépare à dormir ? Tu veux prendre une douche maintenant ? Moi je suis trop claquée. J’en prendrai plutôt une demain matin.

- Non ça va. Je préfère aussi prendre ma douche le matin. - Alors je ne mets pas le réveil trop tard. Demain on a cours à 11 h. donc on doit partir à 10 h. 20 au plus tard. Et nous devrons toutes les deux prendre une douche et manger un truc.

- T’as qu’à le mettre à 9 h. ça sera suffisant. On aura même le temps de se faire un bon petit déjeuner. Comme quand nous étions plus jeunes. Je vais chercher mes affaires et mon pyjama dans mon sac.

- Ton pyjama ? On fait une soirée pyjama ? Houa, trop la classe ! T’aurais au moins pu prendre une petite nuisette bien sexy pour dormir avec moi. Je suis trop vexée.

Tout d’un coup, Elodie a l’air très gênée par la plaisanterie de son amie. Elle vient de se rappeler pourquoi elle a choisi ce pyjama assez épais et pas du tout glamour. Essayer de dissimuler une couche sous une légère nuisette aurait été impossible. A cette pensée son sourire qui ne l’a pas quitté de la soirée s’efface. Elle reste debout sans bouger avec son sac et son pyjama dans les mains sans savoir quoi faire. Une boule lui serre la gorge, l’empêche d’avaler sa salive.

Julie ne remarque rien. Elle se lève du lit, se déshabille sans pudeur et enfile la nuisette blanche qui était restée sous sa couette. Sa tenue est très courte et près du corps. Ensuite elle se précipite vers les toilettes. Vu la quantité de bière ingurgitée, ce n’est pas la première fois de la soirée. En revenant elle se rend compte qu’Elodie n’a pas avancé. Quelque chose ne va pas. Elle réalise vite ce qui perturbe son amie. Elle veut lui éviter de l’embarrasser encore plus. Doit-elle préserver son intimité et faire semblant de ne rien voir ? Doit-elle éviter de faire allusion à son problème ? Mais peut-être que lui parler pour dédramatiser et pour l’encourager lui simplifiera la chose ? - Aller ma chérie, mets ton pyjama. Après tu iras aux toilettes. Comme ça, quand tu auras fini, tu pourras mettre là bas ce que tu as apporté pour dormir. Enfin, fais comme tu veux. Mais à ta place je pense que ça me rassurerait aussi de me protéger pour dormir. Ne t’inquiète pas je comprends. - Oui j’y vais. Il le faut bien. Tu sais, d’habitude j’évite de boire après le dîner. Alors ce soir après tous ces verres… - Ne sois pas défaitiste, tout va bien se passer. Et puis on s’en fiche. Ce qui compte c’est qu’on passe du bon temps entre amies comme avant. Et qui va avoir un nouveau copain qui est trop beau gosse ?

- Bien sûr j’ai passé une trop bonne soirée. Je suis juste énervée de devoir la terminer comme ça. - Ben quoi ? Tu as la chance de dormir avec moi. Demain matin on se fera un super petit déjeuner. Alors la partie sympa n’est pas terminée. On peut encore largement profiter de notre petit moment ensemble. Même si ton pyjama est un peu moche on ne va pas se gâcher la soirée pour ça.

- Comme toujours t’as raison. Je stresse trop et je me prends la tête alors que ça ne sert à rien. - Bon je vais me laver les dents. Je t’attendrai dans le lit le temps que tu te prépares.