Vues: 395 Created: 2011.05.26 Mis à jour: 2011.05.26

Les bonheurs de Sophie

Chapitre 10

Tom était toujours dans sa position grotesque les jambes en haut, le sexe à l’air, le cul ouvert par l’infâme gode récalcitrant. Justine se courba et introduisit une pointe Bic dans le petit conduit annexe du plug. La valve ne bougeait pas. Elle fit levier avec la base du stylo pour pousser le mécanisme vers l’embase, tourna doucement vers la droite puis vers la gauche. En vain.

- « Il faut enfoncer la pointe plus profondément » déclara Mathieu, gonflée comme il est le ballon a dû rétracter la soupape sur plusieurs centimètres, si tu trouves le clapet, en appuyant fortement tu pourras l’actionner comme pour dégonfler une chambre à air de vélo. »

Justine amplifia la manœuvre en espérant entendre le sifflement d’air qui signalerait la réussite de l’intervention mais en guise de sifflement, un gargouillis lugubre se manifesta dans le ventre de Tom.

- « Que s’est-il passé s’enquit Justine, le ballon s’est dégonflé mais je n’ai pas senti d’air sortir, j’ai pourtant les doigts juste à côté.

- « J’ai compris, dit Mathieu, le ballon s’est percé à l’intérieur, tu l’as troué avec la pointe du stylo et l’air a fuit du mauvais côté. »

- « C’est grave ? » demanda candidement Sophie.

- « Pour Tom ce sera quelques gaz supplémentaires à libérer mais pour le plug, j’ai bien peur qu’il soit foutu ! »

Toute penaude de sa manipulation foireuse, Justine commença à tirer sur l’embase du plug qui sortit lentement en vidant bruyamment ses derniers décilitres d’air par la seule extrémité possible. Aussitôt enlevé, un flot de liquide brunâtre jailli de l’orifice enfin débouché et nos amis crièrent victoire comme un Texan venant de découvrir un nouveau puit de pétrole.

- « Bien laissez le se libérer tranquillement, » décréta Mathieu, « il peut baisser ses jambes à présent et les replier le long du bassin. »

- « Je vais nettoyer le gode gonflable » Proposa Justine, « il est peut être réparable, j’ai trouvé de la dissolution et des rustines avec la graisse à vélo ! »

Notre pauvre Tom ne savait pas quel comportement avoir. Il était totalement nu devant ses amis, en train de se vider lentement comme un cumulus que l’on vidange, le liquide s’écoulant par vagues successives, accompagné de glouglous obscènes évoquant le travail d’un plombier débouchant un lavabo. En raison de la viscosité de l’huile, l’évacuation n’était pas rapide et en position allongée, il lui était impossible de forcer avec efficacité pour libérer rapidement ses boyaux une bonne fois pour toute.

- « Ce serait mieux si je passais aux toilettes » suggéra Tom « je pense pouvoir me déplacer à présent. »

- « Nous verrons cela lors du nettoyage » répondit Mathieu.

- « Un nettoyage, quel nettoyage ? » s’inquiéta Tom.

- « Et bien, après décantation pendant plusieurs heures de produit lubrifiant minéral, comme il a été pratiqué dans ton cas, le protocole de soin prévoie une injection d’eau savonneuse de 2 litres suivie d’au moins trois rinçages de 2,5 litres chacun. »

- « Comment ! Mais vous allez me vider les intestins comme une ménagère nettoie une bouteille avec un écouvillon ! »

- « Allons, ne raconte pas de bêtises» déclara Mathieu, « de toutes façon sans ce nettoyage tu vas suinter pendant 24 h comme une moto mal entretenue. Allez, ne perdons pas de temps, Justine, débarrasse moi ce bassin qui va déborder, moi je vais chercher le broc à lavement et des paillettes de savon de Marseille (marque Le Chat, on l’emploi pour laver le linge). Sophie, tu vas nous aider, il faut diluer environ la contenance d’un grand verre de ces paillettes dans une casserole, chauffer à feu doux et remuer avec une spatule jusqu’à ce qu’elles se dissolvent totalement. Nous ajusterons la température dans le broc en complétant avec de l’eau froide. »

Comme une équipe médicale bien rôdée, nos amis s’affairèrent sous le regard hagard du malade qui se trouvait entouré d’un essaim d’abeilles ouvrières vacant aux soins de la reine même si dans ce cas précis, la reine avait les attributs du bourdon.

Quelques instants plus tard, Mathieu revint avec un superbe broc à lavement. C’était un modèle ancien en émail blanc mais avec un texte récemment ajouté au feutre indélébile en écriture calligraphique ‘’ qui ne nécessitait aucune traduction.

Justine présenta à l’assistance une énorme canule qui ressemblait à un gigantesque suppositoire creux avec des petits trous en tête de proue.

- « Comme vous pouvez voir, pour le confort des opérations répétitives, cette canule dispose d’un orifice de grand diamètre, l’embout se déboite avec une attache rapide et, une fois en place, il suffira de déboiter le tuyau à chaque vidange, la canule restant en place comme un petit spéculum pour éviter les contractions gênantes et les difficultés de nouvelle introduction. Par contre comme ce petit équipement est un peu difficile à ‘installer sur site’ et qu’il serait dommage de le perdre, nous allons fixer son embase par des bretelles reliées à une espèce de porte jarretelles qui le maintiendront solidement en place. »

Justine utilisa à nouveau le petit tube de graisse rose pour faire glisser sous les cris effrayés de Tom, l’énorme renflement de la canule. Mathieu et Sophie s’empressèrent d’harnacher les attaches de l’embout magique. L’injection de l’eau savonneuse ne fut pas non plus de tout repos, Tom se plaignant que le liquide était trop chaud, que le mélange de savon le piquait et que les 2 litres introduits devait s’ajouter à des restes encore substantiels de paraffine non évacuée. Devant ces récriminations, Mathieu s’enquit du dosage des paillettes.

- « Dis moi, Sophie, c’est bien un verre de paillette que tu as dilué ? »

- « Oui bien sûr », répondit-elle comme une élève modèle en TP de chimie, « un verre de paillette par litre d’eau ! »

- « Mais non, quel boulet tu fais, c’était un verre en tout ! je comprends à présent que le breuvage soit dur à avaler ! Ah, les restes d’huile n’ont qu’à bien se tenir, le dégraissage va être sévère, il faudra bien rincer ensuite »

Tom de plus en plus inquiet supplia d’arrêter le remplissage. Son ventre était tout rond à présent et le tiraillait douloureusement.

- « Il est temps d’évacuer à présent déclara Mathieu, voilà un sceau hygiénique pour te soulager, nous allons t’aider à t’assoir dessus et nous débrancherons alors le tuyau mais surtout ne force pas, laisse le produit sortir par les simples lois de la gravité. »

Le conduit anal resté en place entraina un rejet long mais sans bruits scabreux. La chute d’eau était intermittente et dépendait uniquement des contractions intestinales. En effet l’anus ne pouvait absolument rien maitriser, c’était humiliant pour Tom qui sentait son self control lui échapper totalement, il n’était plus qu’un robinet ouvert laissant échapper par saccade le jet salvateur de l’horrible émulsion du bouillon qu’il fallait éliminer mais qui s’attardait comme un groupe de collégiens après la sortie des cours.

Après l’eau savonneuse, Tom eut droit aux rinçages, qui comme dans la publicité du lave linge vanté par la mère Denis, furent longs, profonds et méticuleux ! En fin, l’eau rejetée fut déclarée claire et limpide, presque potable en apparence. Tom était épuisé et c’est sans rouspétance qu’il se laissa retirer la canule. Toutefois une conséquence l’inquiéta :

- « Mais mon anus reste ouvert ! Je le sens béant comme une entrée de caverne ! »

- « Pas de panique » répondit Mathieu, « c’est bien normal depuis qu’il voit passer de l’eau, il cherche un peu à prendre l’air ! Il reviendra à sa taille progressivement, mais j’ai un moyen radical de lui rendre sa forme originale rapidement. Tiens, mets toi en position de la levrette, baisse la tête fier Sicambre, je vais t’arranger ça»

Sans contester Tom s’exécuta, Mathieu prit un bout de coton hydrophile, ouvrit un petit flacon, imbiba la ouate généreusement et sans autre explication, il introduisit le tampon ainsi formé dans le fondement entre ouvert de notre pauvre Tom. Ce dernier poussa un cri digne de Tarzan se jetant de lianes en lianes et porta ses deux mains entre ses fesses qui venaient de se contracter brusquement.

- « Que lui as-tu mis ? » Demanda Sophie inquiète.

- « Oh, juste un peu d’alcool, cela tonifie les sphincters, ils ne risquent plus de fuir à présent et Tom a intérêt à ne pas tenter de rejeter le petit bout de coton car il aura droit au même traitement au trajet retour. »

Tom était anéanti, Sophie avait mal dormie, Mathieu et Justine avaient passées une nuit coquine, il fut donc convenu d’un commun accord que chacun rentre chez lui pour se reposer et que l’on se retrouve dans quelques jours pour de nouvelles activités. Toutes les suggestions seraient étudiées.

Tom n’étant pas en mesure de conduire, Mathieu raccompagna ses amis. Il déposa Sophie en premier puis Tom qui habitait plus loin. Avant de descendre de la voiture, Tom décida d’exprimer la pensée qui le tracassait.

- « Dis moi Mathieu, juste une question d’ordre médical, quand on est allergique à un produit alimentaire, il faut éviter d’en consommer à nouveau. »

- « C’est évident, il ne faut pas renouveler le choc anaphylactique, ce serait dangereux. »

- « Alors, dis moi en toute sincérité, pourrais-je manger encore des fruits de mer ? »

- « Pour te répondre franchement, sans aucun problème. »

- « Merci pour ta franchise, je me doutais bien que j’étais tombé dans un traquenard mais j’avoue que j’y ai trouvé d’agréables compensations. A bientôt et merci pour le taxi. »