Vues: 332 Created: 2011.05.26 Mis à jour: 2011.05.26

Les bonheurs de Sophie

Chapitre 18

Tom entreprit la mise en place de la canule de Justine. L’intromission se fit comme dans du beurre, on voyait que la route était préparée de longue date et que le traitement prescrit par Mathieu avait atteint ses objectifs. La chose fut plus délicate pour Sandrine. Elle n’avait pas bénéficié d’une préparation assidue avec des suppos et de plus, comme Sophie était moins expérimentée qu’une infirmière pour ce type de geste, la mise en place fut plus laborieuse et douloureuse, les renflements en bois tournés peinant à se frayer un passage dans le conduit étroit. Mais bon, les spéléos doivent bien parfois se contorsionner pour franchir des étroitures ! Il en alla de même dans la grotte obscure de Sandrine avec l’embout en forme de stalagmite.

- « Voilà les filles, les sondes sont en place.» Déclara Mathieu. vous pouvez étendre vos jambes mais les garder bien jointes. Ainsi, les canules maintenues par vos fesses serrées ne pourront pas bouger.»

- « Et comment allons nous amorcer le siphon ?» demanda Tom toujours pratique.

- « Chaque chose en son temps, il faut d’abord ôter le bol supérieur du narghilé et remplir le réservoir par la cheminée, c’est pour cela que tout à l’heure j’ai placé une carafe d’eau au four à micro ondes, en rajoutant de l’eau froide, nous aurons un liquide bien tiède idéal pour nettoyer des colons encrassés. Nos garderons un peu d’eau pour remplir individuellement les tuyaux par le haut, comme ils sont fermés par le bas, il suffira juste de les plonger rapidement dans le réservoir et d’ouvrir les robinets pour déclencher le transfert. »

- « L'injection va-t-elle prendre beaucoup de temps ? » demanda Tom.

- « Tout dépend des receveuses, un lavement se donne mais surtout se reçoit. Si le récipiendaire se crispe et contracte des abdominaux, peu de liquide pénètre dans les intestins qui se défendent comme des galopins incultes en refusant le traitement salvateur. On est alors contraint d’augmenter la pression en élevant le réservoir mais dans notre cas, il ne serait pas possible d’individualiser le débit. Je préfère la persuasion afin d’inciter les muscles à se détendre et au ventre d’accepter de bonne grâce ce qu’il lui est nécessaire de recevoir. J’ai d’ailleurs prévu de fixer des capteurs sonores sur les ventres à traiter. Ce sont de petits micros qui nous permettrons d’écouter les bruits intestinaux amplifiés par ce moniteur, nous aurons ainsi un contrôle supplémentaire de la circulation interne du liquide introduit et nous pourrons localiser les points éventuels de blocage pour les masser. »

- « Super » s’enthousiasma Sophie, « nous allons entendre les gargouillis en haute fidélité ! Un vrai orchestre symphonique ! »

- « Mais ce n’est pas tout » compléta Mathieu, j’ai prévu d’ajouter un petit ingrédient supplémentaire pour augmenter l’efficacité du lavement, c’est ce bidon de glycérine, accroché à cette potence de perfusion qui distillera son venin dans le bol supérieur puis par la cheminé centrale du narghilé. Avec les remous provoqués par les bulles d’air, cette glycérine se mélangera à l’eau naturellement, je règlerai juste le débit, lentement au début pour ne pas agresser les muqueuses puis plus fort par la suite quand les intestins seront déjà suffisamment dilatés et que les abdominaux fatigués ne seront plus en mesure de luter avec efficacité pour en restreindre l’accès. »

- « Quel pourcentage de glycérine prévois-tu ? » demanda Justine connaisseuse des effets du liquide visqueux et inquiète de ses conséquences. « je ne savais pas que tu avais prévu cet additif diabolique. »

- « Pas plus de dix pour cent mon amour, tu vois, je suis très raisonnable, moins d’un demi litre de glycérol pour quatre litres d’eau, cela restera très supportable pendant le remplissage mais devrait être très efficace pour la purge après une bonne rétention. »

- « Et bien, je sens que ça va déménager ! » résuma Justine « ma chère Sandrine attend toi à un nettoyage énergique des boyaux, la glycérine est un irritant hyper osmotique c’est à dire qu’elle attire l’eau de l’organisme à travers les intestins tout en stimulant et ramollissant les selles. Ce produit est une vraie purge, c’est à dire qu’il entraine un volume expulsé supérieur au volume injecté. Comme sa consistance est épaisse, il colle aux parois intestinales et prolonge ainsi son effet d’attirance de l’eau qui peut durer plus d’une heure. Après plusieurs passages aux toilettes tu auras des intérieurs tout neuf ! »

On ouvrit enfin les robinets, les longs tuyaux cannelés descendaient majestueusement de part et d’autre du réservoir, les compteurs se mirent à comptabiliser doucement ce qui était souhaitable car un bon lavement doit pénétrer lentement. Moins on violente les boyaux, plus ils acceptent d’être remplis. C’est comme avec les gens, on obtient toujours plus des résultats par la douceur que par la force.

Quelques minutes plus tard un premier constat put être établi : Justine se remplissait deux fois plus vite que Sandrine.

- « Et bien ma tourterelle ! » déclara Tom à Sandrine, « tu triches ? tu as décidé de tout laisser à ton amie ? Ne soit pas égoïste, prend ta part, décontracte toi, n’attends pas que la concentration de glycérine augmente sinon ta stratégie aura été mauvaise. »

- « Mais je n’y peux rien » sanglota Sandrine, je suis bloquée, c’est certainement dû au corset qui m’a rétréci la taille. »

- « Oui, peut être » admis Mathieu, « Mais je crois plutôt que tu es tellement tendue et crispée que tu empêches inconsciemment ton ventre de s’épanouir. C’est la conséquence de ta dépression, tu te renfermes trop sur toi même. J’ai une solution, une petite injection intraveineuse de décontractant et tu devrais te laisser emplir comme une outre vide. »

- « Non, je ne veux pas, ferme le robinet, je renonce à absorber quelque liquide supplémentaire que ce soit, par la bouche, l’anus ou tout autre moyen. » S’écria Sandrine au bord de la crise de nerf.

- « As-tu pensé à moi au moins ? » demanda Justine, je ne vais pas ingurgiter tout ce qui reste pour tes beaux yeux, n’oublie pas que je suis là pour t’aider mais qu’au départ, c’était ton traitement, accepte au moins de participer, je ferai de mon mieux pour absorber le maximum. »

Mathieu ne s’inquiéta pas outre mesure, il avait l’habitude de patients récalcitrants, il prépara rapidement sa seringue et sans plus de manière injecta sa dose dans le creux du bras de Sandrine qui étouffa un sanglot. Quelques minutes après, cette dernière se calma et son compteur personnel commença à rattraper son retard sur celui de Justine.

Les gargouillis s’intensifièrent, on entendait à présent les borborygmes violents et les flatulences circuler dans les intestins grâce aux hauts parleurs du moniteur. Justine restait stoïque, cet état s’expliquait par sa plus grande expérience mais Mathieu émit un autre diagnostic.

- « Je pense que l’imprégnation huileuse des intestins ralenti l’effet de la glycérine mais cela ne durera pas car peu à peu cet alcool végétal va dissoudre le gras et le transformer en gaz ce qui aura pour effet de ballonner un peu plus la patiente et de faciliter l’imprégnation des parois intestinales. »

- « Quoi ! mais tu ne m’avais pas prévenu de cet effet secondaire, je ne veux pas me transformer en montgolfière ! Arrête tout.»

- « Inutile, le mal est dans le fruit (de tes entrailles) à présent, mais ne t’inquiète pas, ce n’est pas quelques bulles de gaz de plus qui te feront voler comme un oiseau. Aide plutôt Sandrine qui est toute blanche, la pauvre petite découvre les vertus du cocktail injecté, masse-la un peu, tranquillise-la, tu es plus crédible que moi à ses yeux. Vous êtes au deux tiers du réservoir et à la moitié de l’additif. Vous avez bien résisté jusqu’à présent. »

- « J’ai mal à l’estomac » cria Sandrine « mon colon me comprime et me donne envie de vomir. »

- « Calme-toi ma jolie perdrix, » intervint Justine, « respire doucement et bien profondément, il faut que le liquide fasse sa place, qu’il déploie les replis des intestins et repousse le péritoine. C’est comme un ballon en baudruche pour enfant, le gonflage initial est très dur mais une fois le caoutchouc dilaté au début de sa croissance, le ballon se gonfle facilement pour atteindre sa rotondité optimale. »

- « Mais je n’ai pas l’habitude d’une injection d’un tel volume ! Mon bidon va éclater ! »

- « Ne dis pas de bêtises, » repris Justine, «la quantité reste raisonnable, à quand remonte ton dernier lavement ?

- « C’est Tom qui me l’avait fait mais il utilisait une toute petite poire. »

- « Oui, c’est ce qu’il m’a dit, il aimait bien ce petit jeu, comme au Monopoly, il aimait passer souvent par la case départ ! Je crois savoir qu’il y remplissait fréquemment sa poche pour la dépenser dans les nues propriétés de tes avenues internes et par dessus tout dans ton hôtel luxueux de ta rue de la Paix (et non pas Pet même s’il s’agit de la case finale du serpentin du plateau de jeu !). Tu vois, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, tous les banquiers te le diront, deux cent eau(ro) en petites coupures font le même compte qu’un bank note de 200 balles (surtout quand ça passe par le trou du même nom !). Note bien que depuis la révolution Française, le fondement d’un capitaliste est aussi vulnérable que le postérieur d’un sans culotte»