Vues: 449 Created: 2014.04.15 Mis à jour: 2014.04.15

L'Hôpital

Chapitre 3

Le lundi, je me réveillai très tôt. Je me demandais si j’avais rêvé ou si la logeuse m’avait vraiment masturbé la veille. Je décidai de lui en parler seulement le soir. Elle n’était heureusement pas encore levée et je pus prendre mon bain sans être dérangé. Mon cou ne me faisait presque plus mal, je sentais par contre mon nez qui commençait à couler. J’avais bien un rhume que j’allais devoir supporter pendant une semaine. Mme T. me donna des gouttes.

J’avais rendez-vous à neuf heures avec le Chef du personnel, M. B. Le bâtiment de l’Administration Informatique n’était pas très éloigné mais je partis à l’avance. Les trams pouvaient être bloqués par la neige.

Ce n’était pas le cas et j’arrivai trop vite. Le bâtiment était grand et massif, comme tous les bâtiments administratifs. Il avait cinq étages. Le Chef du personnel était au quatrième, il n’y avait pas d’ascenseur. Je me présentai vers la secrétaire qui me fit patienter dans une salle d’attente. À l’heure prévue, elle m’ouvrit la porte du bureau du Chef. Il se leva et me salua :

— Bonjour M. K. et bienvenue.

— Bonjour M. B.

— Prenez place.

Je m’assis devant son bureau.

— Vous avez fait bon voyage ?

— Un peu long, et j’ai malheureusement pris froid.

— Vous auriez dû rester à la maison.

— Même le premier jour ?

— La première devise de notre métier est : « Ne jamais faire de zèle. » Votre santé est plus importante que votre mission. Bien, vous êtes quand même là. Êtes-vous satisfait de votre logement ?

— Oui, Mme T. est très, comment dirais-je, très maternelle.

— Je la connais bien, c’est une amie très chère. Je vous le dis car je lui rends visite de temps en temps et nous nous verrons certainement chez elle. Elle a toute ma confiance, cependant si vous aviez un problème avec elle, nous pourrions vous trouver une autre chambre.

— Je pense que je trouverai un terrain d’entente avec elle.

— Bon, passons maintenant aux affaires professionnelles. Malheureusement, il y a un petit problème, mais ne vous inquiétez pas, ce n’est pas grave.

— De quoi s’agit-il ?

— À la suite d’une erreur administrative, nous avons oublié de vous convoquer à une visite médicale avant de vous nommer fonctionnaire. Nous allons devoir corriger cette erreur.

— Je pense être en bonne santé, je suis quand même inquiet : que se passerait-il si l’on me découvrait une maladie ?

— Pas de souci, vous êtes fonctionnaire à vie, vous aurez un salaire de toute façon.

— Alors pourquoi faire cette visite ?

— La deuxième devise du métier est : « Toujours suivre le Règlement. » Ce ne sera qu’une simple formalité. Je n’ai pas le droit de vous donner du travail avant d’avoir passé cette visite.

— Que vais-je faire pendant la journée ?

— Vous ne serez pas obligé de venir tous les jours au bureau. Venez quand même de temps en temps, sinon on vous oubliera. Et je vais vous faire une révélation, vous l’apprendrez de toute façon : vous aurez accès à l’Internet et de quoi vous occuper.

— Internet, ça existe vraiment ? N’est-ce pas interdit ?

— Oui, mais vous devez avoir accès aux sites des fabricants de logiciels pour trouver des erreurs. Et il y malheureusement eu une erreur de programmation, tous les sites sont autorisés, même les plus graveleux.

— Ne peut-on pas corriger cette erreur ?

— Non, car nous n’avons pas de poste au budget pour payer cette correction et nous ne pouvons pas en demander, car ce serait admettre qu’il y a une erreur, et les réviseurs ne doivent pas le savoir. Vous m’avez compris ?

— Oui, je pense.

— Bien. Ce sera tout pour aujourd’hui. Vous pouvez aller chercher votre uniforme, c’est à l’autre bout de la ville. Rentrez ensuite vous soigner et revenez demain seulement si vous allez mieux.

Le Chef me donna ensuite une quantité de paperasse à remplir, ainsi que deux bons pour obtenir des tickets de tram gratuits. Je pris congé et me rendis à l’Administration des Uniformes. Cela me prit une bonne heure. Je dus ensuite attendre assez longtemps, puis un tailleur me pria de me mettre en caleçon. Il prit mes mesures et revint quelques minutes après avec des pantalons, des chemises, des vestes, un manteau et même une casquette, qu’on ne mettait plus tous les jours. Il devait encore coudre les insignes et le grade. Il me suggéra d’aller déjeuner à la cantine en attendant.

Après le repas, je mis tout de suite mon uniforme, j’étais très fier de le porter pour la première fois. On me prêta une valise pour mettre les autres pièces, après m’avoir fait signer divers bons de livraison. Je retournai directement chez ma logeuse. Elle n’était pas là et ne revint qu’à 16 heures. Elle me fit du thé.

— Vous allez mieux, M. K. ?

— Oui, je vous remercie. J’ai le rhume, mais je ne dois plus avoir de fièvre.

— Nous la reprendrons ce soir. Êtes-vous vacciné contre la grippe ?

— Non, je n’ai pas l’habitude de le faire.

— J’y ai pensé, j’ai passé à la pharmacie. Et votre premier jour de travail ?

Je lui expliquai le problème avec la visite médicale. Elle me dit :

— C’est ennuyeux. Savez-vous où vous serez convoqué ?

— Non, je n’ai pas pensé à le demander.

— Je pense que cela sera à l’Hôpital, où j’ai moi-même travaillé. Ils organisent régulièrement des visites d’embauche.

— Bah, je verrai bien. En attendant, j’irai quand même au bureau.

Je restai silencieux quelques minutes, puis je me décidai à aborder le sujet :

— Mme T., puis-je avoir une discussion franche avec vous ?

— Bien sûr, de quoi s’agit-il ?

— Je vous remercie pour vos soins hier, même si certains m’ont paru assez inhabituels, si vous me comprenez.

— Oui, j’avoue que j’ai un peu abusé de la situation.

— Dans quel but ?

— De me divertir. Je n’ai plus d’amant depuis la mort de mon mari, je préfère des relations plus ambigües avec mes locataires et d’autres hommes que je reçois pour des divertissements assez particuliers.

— Lesquels ?

— Je ne désire pas vous en parler pour le moment. Mais reposez-moi cette question lorsque nous nous connaîtrons mieux. Si vous préférez déménager, je ne m’en offusquerai pas. Si vous restez, je vous initierai volontiers à mes petits jeux.

Je réfléchis un moment, puis je décidai de rester. Être logé chez l’amie du Chef du personnel pouvait être intéressant pour la suite de ma carrière. Du moins je le pensais. J’étais aussi assez intéressé à avoir une « éducation sexuelle ».

— Mme T., je reste chez vous, mais j’aimerais fixer quelques limites.

— Je vous écoute.

— Je ne désire plus de toilette intime le matin.

— C’est entendu.

— Et si j’ai une fiancée, je vous informerai et je vous prierai de cesser ces petits jeux.

— Je ferai comme vous le voulez. Vous pourrez d’ailleurs l’inviter, cela ne me dérange pas du tout.

Elle se leva et sortit une bouteille d’un buffet.

— Buvons un verre de cette liqueur aux œufs pour vous souhaiter un merveilleux séjour dans cette belle ville.

Nous trinquâmes.

— Et maintenant, déshabillez-vous !

Comments

dudu Il ya 10 ans